Insectes, bactéries, champignons ou vers, les nuisibles progressent en moyenne de 3 km par an en direction des pôles et menacent la sécurité alimentaire mondiale. On les retrouve dans des régions où ils n'auraient pas pu survivre il y a cinquante ans.
Environ 3 kilomètres par an en direction des pôles Nord ou Sud: les insectes ravageurs se déplacent, gagnent du terrain et menacent l'agriculture mondiale. Si le transport de marchandises est la cause principale de cette migration, elle est très largement encouragée par le réchauffement climatique qui favorise l'acclimatation des insectes à des latitudes nouvelles où ils n'auraient pas pu survivre auparavant. Ce constat est dressé dans la revue Nature Climate Change par une équipe de chercheurs de l'université d'Exeter (Grande-Bretagne) qui s'est ainsi penchée sur l'évolution de la répartition de quelque 612 insectes nuisibles de par le monde.
L'étude montre ainsi une relation étroite entre la hausse des températures enregistrées ces cinquante dernières années et l'expansion des bestioles. Tous les ravageurs sont concernés, insistent les chercheurs, qu'il s'agisse d'insectes, de champignons, de bactéries, de virus ou encore de nématodes (des petits vers). Mais tous n'avancent pas à la même vitesse. Certains papillons peuvent parcourir jusqu'à 20 kilomètres par an quand des bactéries bougent à peine.
«Nous devons protéger nos frontières»
Les chercheurs citent notamment le dendroctone du pin qui a survécu aux hivers moins rigoureux en Amérique du Nord, détruisant ainsi les forêts de ces régions ou encore la pyriculariose du riz. Ce champignon installé dans plus de 80 pays avec des conséquences désastreuses sur l'agriculture et la santé de certains écosystèmes s'attaque désormais au blé. Cette nouvelle maladie réduit sérieusement les rendements de la céréale au Brésil, soulignent les scientifiques. «Le réchauffement a permis au doryphore de remonter au nord de l'Europe, en Norvège et en Finlande, où les conditions hivernales auraient dû le tuer», précise également à BBC news Dan Bebber, l'un des auteurs de l'étude.
«Si les ravageurs continuent de se développer en direction des pôles alors que la terre se réchauffe, les effets combinés d'une population mondiale en augmentation et des pertes de cultures de plus en plus importantes menaceront sérieusement la sécurité alimentaire mondiale», poursuit le scientifique. On considère actuellement que 10 % à 16 % des cultures mondiales sont perdues à cause des parasites. Les chercheurs soulignent la nécessité d'un meilleur suivi de ces évolutions. «Nous devons protéger nos frontières, instaurer des quarantaines pour les plantes afin d'éviter que les pathogènes envahissent les systèmes agricoles», ajoute-t-il.
Source environnement