M. Guterres a souligné que les Africains subissaient les conséquences les plus graves du changement climatique, bien que leurs émissions de carbone soient négligeables
NAIROBI, Kenya, 7 septembre 2023/ -- Les dirigeants du monde, réunis à Nairobi pour le premier Sommet africain sur le climat, se sont engagés à placer le continent au centre de la lutte contre le changement climatique, en insistant sur la nécessité de mieux prendre en compte les priorités et les ressources de l’Afrique.
Cet événement historique de trois jours, organisé par le gouvernement kényan et l’Union africaine, a débuté lundi. Il a mobilisé des chefs d’État et de gouvernement, des organisations internationales, des organisations non gouvernementales, la société civile ainsi que des centaines de jeunes Africains pour discuter de solutions innovantes en matière de croissance verte et de financement de la lutte contre le changement climatique. Une grande partie des discussions a porté sur l’adaptation au climat, largement considérée comme une urgence pour l’Afrique.
Le président kényan, William Ruto, a déclaré que la jeunesse de l’Afrique était « précisément l’attribut qui a inspiré les dirigeants africains à imaginer un avenir où l’Afrique s’imposerait en tant que puissance économique et industrielle, et acteur efficace et positif sur la scène mondiale ».
M. Ruto a énuméré les raisons pour lesquelles le continent est bien placé pour jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique. « L’Afrique est le continent qui possède 60 % des actifs mondiaux en matière d’énergie renouvelable, y compris l’énergie solaire, éolienne, géothermique et hydroélectrique. L’Afrique devrait compter 40 % de la main-d’œuvre mondiale d’ici à 2100. Nous disposons des deux tiers des terres arables non cultivées de la planète qui pourraient, avec l’appui d’une agriculture intelligente, transformer l’Afrique en centre de production pour le monde. Nous disposons de la plus grande infrastructure de séquestration du carbone au monde », a déclaré M. Ruto.
Le président Ruto était accompagné du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, de l’envoyé spécial des États-Unis pour le climat, John Kerry, du président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, et de plusieurs dirigeants africains.
M. Faki a appelé à une réforme de l’architecture financière mondiale afin de répondre aux besoins de l’Afrique, à savoir au moins 1,3 milliard de dollars par an pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030.
M. Guterres a souligné que les Africains subissaient les conséquences les plus graves du changement climatique, bien que leurs émissions de carbone soient négligeables. Il a déclaré : « Les pays développés doivent présenter une feuille de route claire et crédible pour doubler le financement de l’adaptation d’ici 2025, première étape pour consacrer la moitié du financement climatique à l’adaptation. »
Le secrétaire général a exhorté les participants à voir grand. « Tout d’abord, nous avons besoin d’une ambition climatique beaucoup plus grande, avec des pays qui avancent à grands pas et accélèrent massivement leurs actions pour limiter les hausses de température et leurs impacts. Les plus grands émetteurs doivent mener la charge, conformément au Pacte de solidarité climatique (https://apo-opa.info/3LeOoqh) et au Programme d’accélération de l’action climatique (https://apo-opa.info/3Z3sI6l) », a déclaré le dirigeant onusien.
M. Adesina a félicité M. Ruto pour son leadership dans l’organisation du sommet. « Le Sommet africain sur le climat façonnera la voie future du développement de l’Afrique », a-t-il prédit.
Il a estimé que des réponses à l’urgence climatique étaient nécessaires à plusieurs niveaux. Au niveau mondial, il a appelé les nations riches à respecter leurs engagements à fournir 100 milliards de dollars par an pour le financement de la lutte contre le changement climatique. En outre, « l’architecture financière mondiale pour le climat doit être modifiée pour donner la priorité aux besoins de l’Afrique », a-t-il exhorté.
« Au niveau national, nous devons accélérer les actions d’adaptation au climat. C’est pourquoi la Banque africaine de développement s’est engagée à fournir 25 milliards de dollars pour le financement climatique d’ici 2025 », a indiqué M. Adesina.
Il a également rappelé que la Banque africaine de développement, en collaboration avec le Centre mondial sur l’adaptation, avait lancé le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), la plus grande initiative de ce type au monde.
La Banque met également en œuvre une initiative de 20 milliards de dollars, Desert to Power, pour exploiter la puissance de l’énergie solaire et fournir de l’électricité à 250 millions de personnes. « Nous devons alimenter chaque foyer, chaque école et chaque hôpital », a-t-il plaidé.
« Il est temps de passer des paroles aux actes », a recommandé Mme von der Leyen, en proposant l’Europe comme alliée pour combler les lacunes de l’Afrique en matière d’investissement climatique. « Nous voulons nous associer à vous pour créer des chaînes de valeur locales, pour créer de bons emplois ici en Afrique. Nous voulons investir dans les compétences des travailleurs locaux, ce qui est crucial pour les jeunes, car plus vous serez forts en tant que fournisseurs, plus l’Europe diversifiera ses chaînes d’approvisionnement vers l’Afrique. Et plus nous réduirons les risques pour nos économies respectives. C’est clairement gagnant-gagnant », a-t-elle lancé.
La présidente de l’Éthiopie Sahle-Work Zewde a déclaré que son gouvernement s’efforçait de parvenir à des émissions nettes nulles en construisant un développement résilient au climat d’ici 2050. « L’Éthiopie investit également dans des projets d’énergie verte, dans les secteurs hydroélectrique, éolien, solaire et géothermique, ainsi que dans la promotion de technologies modernes de cuisson en milieu rural », a-t-elle rappelé.
La présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, a appelé à la création d’un fonds spécial qui stipulerait quel pourcentage des financements promis par les pays avancés serait réservé à l’Afrique, par opposition aux « promesses générales ».
La Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, s’est adressée à l’assemblée plénière par vidéoconférence. Elle a établi un lien entre le Sommet africain et l’Initiative de Bridgetown visant à réformer le système financier mondial afin que le monde puisse mieux répondre aux crises actuelles et futures. « Nous devons travailler ensemble, du continent africain aux Caraïbes. C’est le moment où la volonté politique, couplée à la reconnaissance de notre réalité, fera toute la différence dans le monde », a-t-elle déclaré.
Le Sommet africain sur le climat devrait déboucher sur une déclaration commune de Nairobi, qui exposera la position du continent sur le financement de la lutte contre le changement climatique et la croissance verte. Cette déclaration devrait également appeler à la mise en place d’un système mondial de taxe carbone afin d’accroître le financement de la lutte contre le changement climatique et inciter les pays à réduire leurs émissions.
Le Sommet africain sur le climat a déjà donné lieu à d’importantes promesses financières. Sultan Al Jaber, président de la COP28, a annoncé que « le Fonds d’Abu Dhabi pour le développement, Etihad Credit Insurance, Masdar – la société émiratie de l’énergie du futur –, et AMEA Power s’associeront à Africa50 en tant que partenaire stratégique sous la direction des Émirats arabes unis et des dirigeants africains pour développer 15 gigawatts d’énergie propre d’ici 2030 ».
« En travaillant ensemble, nous déploierons 4,5 milliards de dollars qui catalyseront au moins 12,5 milliards de dollars supplémentaires provenant de sources multilatérales publiques et privées. Nous avons l’ambition de lancer un nouveau partenariat transformateur pour faire démarrer une série de projets d’énergie propre bancables sur cet important continent », a déclaré M. Al Jaber.
L’envoyé spécial Kerry a annoncé que l’administration Biden contribuerait à hauteur de 3 milliards de dollars par an à l’adaptation dans le cadre de l’initiative PREPARE (https://apo-opa.info/3r4iWEq).
En outre, 30 millions de dollars supplémentaires seront fournis pour soutenir les efforts de sécurité alimentaire résistante au climat en Afrique. La première tranche de 20 millions de dollars sera consacrée à l’Initiative d’adaptation africaine et à son accélérateur de sécurité alimentaire. « Dix millions de dollars iront à la Facilité de financement et de transfert de technologie pour l’adaptation à la résilience climatique, afin de développer la technologie pour faire avancer les efforts d’adaptation tels que le stockage de la chaîne du froid pour aider à maintenir la qualité et la sécurité des aliments depuis les fermes jusqu’aux foyers domestiques », a déclaré M. Kerry.
Le Sommet africain sur le climat permettra également de consolider les résultats et la feuille de route de la COP27 (https://apo-opa.info/3EqXxIA) tenue à Charm el-Cheikh (Égypte) l’an dernier. Il permettra aussi de combler les lacunes apparues dans le plan de mise en œuvre de Charm el-Cheikh.
Cliquer ici (https://AfricaClimateSummit.org) pour plus d’informations sur le Sommet sur le climat.
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