L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a anticipé une diminution des émissions de carbone de 8% cette année
L'Agence internationale de l'énergie anticipe une diminution des émissions de CO2 de 8% pour 2020, alors qu'elles ont baissé de 30% en France depuis le début de la crise.
Depuis le début du confinement, on entend de nouveau les oiseaux en ville et l'air semble plus pur. La crise du coronavirus a eu pour effet collatéral de réduire le niveau de pollution atmosphérique, en particulier les rejets de dioxyde de carbone. Mais à combien chiffrer la baisse des émissions de CO2 dans l'atmosphère depuis le début de la crise sanitaire ?
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Le Haut Conseil pour le Climat a estimé dans un rapport qu'ils ont diminué, en France, d'environ 30% pendant la période de confinement. Des relevés identiques en Île-de-France, selon Airparif : "Du jamais vu en 40 ans de mesure, avec une telle ampleur et autant de stations", souligne l'association de surveillance de la qualité de l'air en région francilienne. Aux États-Unis, les émissions étaient inférieures de 15 à 20% entre le 15 mars et le 14 avril par rapport à la même période en 2019, selon un rapport du groupe de recherche Rhodium.
Au niveau européen, début avril, le cabinet de conseil en management Sia Partners, dans une étude relayée par Les Echos, chiffrait à 145 mégatonnes la quantité de CO2 qui pourrait ne pas être rejetée en 2020 par les pays de l'UE, soit 5% de ses émissions en temps normal.
Le site britannique Carbon Brief chiffre, lui, une baisse des rejets de CO2 au niveau mondial pour l'année 2020, par rapport à 2019, de 5,5%. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a aussi donné sa prévision jeudi, anticipant une diminution des émissions de carbone de 8% cette année, une chute sans précédent, à leur plus bas niveau depuis 2010.
"Un fort rebond des émissions" à venir
De 5 à 8% d'émissions de dioxyde de carbone prévues en moins sur l'année 2020, donc. Une baisse historique, lié au ralentissement économique inédit qu'a connu la planète à cause la pandémie de Covid-19. Mais d'où proviennent les 95 à 92% restants ?
Les prévisionnistes anticipent en fait la reprise de l'activité, qui pourrait vite grignoter les aspects écologiquement positifs qu'a eu le confinement. Dans ses scénarios économiques pour l'instant envisagés, le Fonds monétaire international table notamment, comme hypothèse optimiste, sur un rebond au second semestre 2020.
"Ce déclin historique des émissions mondiales, conséquence de morts prématurées et d'un traumatisme économique à travers le monde, n'est absolument pas une cause de célébration", a estimé jeudi le directeur exécutif de l'AIE Fatih Birol. "Et si l'on se fie à ce qui s'est passé après la crise financière de 2008, nous devrions assister bientôt à un fort rebond des émissions avec l'amélioration des conditions économiques", met-il en garde.
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A la suite de la crise financière de la fin des années 2000, l'émission annuelle de CO2 avait par exemple connu une hausse particulièrement importante de 5%, a rappelé le directeur du Global Carbon Project (GCP). L'étude de Carbon Brief montre ainsi une baisse de 25% des émissions en Chine au mois de février, avant de "rebondir" en mars "alors que la vie normale montrait des signes de reprise", souligne le média spécialisé.
Notons que durant le confinement, les services publics produisent à peu près la même quantité d'électricité, moins vers les entreprises et plus vers les lieux de résidence. Or "l'électricité et le chauffage combinés représentent plus de 40% des émissions mondiales", rappelle le magazine américain spécialisé dans les questions environnementales Grist, repéré par France Culture.
Le travail à domicile a également fait exploser la note d'électricité, pour le chauffage et pour l'alimentation des appareils électroniques, outre l'entretien des data centers. Selon Sia Partners, les rejets de CO2 depuis les lieux d'habitation sont en hausse de 29 % depuis le début du confinement.
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En outre, la baisse des émissions est en grande partie due à la chute des transports, qui représentent un peu plus de 20% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (le transport routier représentant environ la moitié), selon l'Agence internationale de l'énergie. Depuis le début de la crise, le trafic est en baisse de 54% au Royaume-Uni, 36% aux États-Unis et 19% en Chine. En Europe, neuf voyages aériens sur 10 ont été cloués au sol.