États-Unis : après l'ouragan Florence, la menace des inondations

lun, 17/09/2018 - 12:42

La tempête Florence, rétrogradée en dépression tropicale qui a déjà fait au moins 13 morts sur la côte atlantique américaine, menace toujours de faire des ravages au cours du week-end en raison des « quantités monumentales » de pluie qu'elle charrie et des inondations qu'elle provoque, selon les autorités qui ont averti les habitants évacués de ne pas tenter de rentrer chez eux. La tempête a fait au moins 10 morts en Caroline du Nord, dont 8 confirmés par les autorités, parmi lesquels une mère et son bébé, tués dans leur maison par la chute d'un arbre, et 3 autres victimes de « crues subites » sur les routes. Selon les médias américains, dont CNN, le bilan provisoire se monte globalement à 13 morts : outre 10 décès en Caroline du Nord, 3 autres ont été recensés en Caroline du Sud, dont une femme de 61 ans tuée vendredi 14 septembre lorsque sa voiture a heurté un arbre couché sur la route.

Encore plusieurs jours à venir
La pluie continuait de tomber dans le comté de Pitt, en Caroline du Nord. Des inondations localisées affectaient toujours la zone, qui offrait les mêmes scènes depuis vendredi : un ciel sombre et bas et des terres agricoles détrempées. Denise Harper, habitante de la petite localité de Grifton, s'inquiétait surtout des eaux de la rivière locale, la Neuse, qui doivent monter jusqu'à mercredi. « Beaucoup de gens ont déjà évacué », a-t-elle dit à l'Agence France-Presse alors que la rivière montait lentement. « Après Floyd [l'ouragan de 1999], on a été coupé de tout, il n'y avait nulle part où aller, l'eau était partout, ce sont les militaires qui nous ravitaillaient », a-t-elle ajouté. Le patron de l'Agence fédérale des services d'urgence (Fema), Brock Long, a indiqué que le centre et l'ouest de la Caroline du Nord ainsi que la Virginie n'en avaient pas fini avec les intempéries. « Nous en avons encore pour plusieurs jours », a-t-il dit sur CNN. « Nous nous attendons à de gros dégâts », a-t-il lancé, précisant que des barrages risquaient d'être menacés à cause de la montée des eaux. Après avoir frappé la côte atlantique, Florence s'est enfoncé dans les terres où la pluie a fait grossir les cours d'eau, provoquant des inondations.

Les rafales et la pluie diluvienne ont fait d'importants dégâts. De nombreuses routes restaient coupées par des arbres et des poteaux électriques arrachés, ou encore par des crues soudaines. La dépression « déverse des quantités monumentales de pluie », a mis en garde Roy Cooper, le gouverneur de Caroline du Nord (Sud-Est), l'État le plus durement frappé. « Toutes les routes de l'État peuvent être inondées », a averti le gouverneur. Malgré la levée des ordres d'évacuation sur la côte, « vous n'êtes pas en sécurité en y allant », a-t-il dit à ses administrés impatients de rejoindre leur domicile.

« Beaucoup de gens qui pensent que la tempête les a ratés n'ont pas encore fait face à sa menace », a-t-il affirmé, mettant en garde les habitants des régions montagneuses dans l'ouest de l'État alors que Florence devrait continuer à s'enfoncer vers l'ouest samedi et dévier vers le nord dimanche. Plusieurs localités des deux États de Caroline ont pris à leur tour samedi des arrêtés d'évacuation en prévision d'inondations. La tempête « va provoquer des inondations catastrophiques sur des zones de Caroline du Nord et de Caroline du Sud pendant encore quelque temps », a averti un responsable de l'Agence nationale océanique et atmosphérique (NOAA), Steve Goldstein, en raison notamment du caractère « lent, presque à l'arrêt » de la tempête.

Florence, qui s'affaiblit, a avancé samedi à 6 km/h avec des vents de 75 km/h, selon le bulletin de 14 heures (18 heures GMT) diffusé par le Centre national des ouragans (NHC). Les autorités s'attellent désormais à évacuer l'eau et porter secours aux habitants piégés par les eaux.

« Comme un TGV »
Autour de la ville de Hampstead, sur la côte de Caroline du Nord, des habitants évacués tentaient de rentrer chez eux pour constater les dégâts malgré les routes inondées, selon un reporter de l'Agence France-Presse. Une partie de la ville de New Bern, environ 30 000 habitants, est sous les eaux depuis vendredi, piégeant des centaines d'habitants. La cité touristique est située à la confluence des rivières Neuse et Trent et proche d'un estuaire.

Enseignant retraité, Charles Rucker venait d'acheter sa maison où il n'avait passé que cinq nuits quand la tempête s'est abattue, faisant monter subitement les eaux de trois mètres. « Ça a été comme un TGV traversant le salon. Je n'avais jamais rien vu de semblable, j'ai eu vraiment peur », a-t-il déclaré à l'Agence France-Presse en évoquant la subite montée des eaux provoquée par la marée de tempête.

Les rues inondées étaient recouvertes d'une pellicule d'huile pour moteur de bateau, a constaté un reporter de l'Agence France-Presse. Certaines maisons sont toutes portes ouvertes, enfoncées par les rafales. Plusieurs statues d'ours, l'animal fétiche de New Bern, flottent dans les rues où l'eau arrivait parfois jusqu'à mi-cuisse malgré leur poids. Plus de 400 personnes ont été secourues et 4 200 maisons ont été endommagées, a expliqué samedi le maire, Dana Outlaw. « La priorité, c'est de pomper l'eau qui est dans la ville », mais « le moment de rentrer n'est pas encore venu », a-t-il affirmé sur CNN à l'adresse des 1 200 habitants réfugiés dans des centres d'accueil.

Environ 750 000 foyers étaient privés de courant samedi en Caroline du Nord, selon les services de gestion des urgences. De son côté, l'Agence fédérale des parcs nationaux s'est félicitée sur Twitter que les 16 poneys sauvages de la colonie d'Ocracoke, qui vivent sur une île au large de la côte, soient sains et saufs. Le président américain Donald Trumpdoit se rendre en début ou milieu de semaine prochaine dans les régions affectées. Alors que la tempête soufflait encore sur la côte atlantique, le président est revenu vendredi soir sur la polémique concernant le bilan officiel de 3 000 morts causés par l'ouragan Maria qui a dévasté l'île de Porto Rico en septembre 2017, dont il conteste les chiffres. Le bilan n'était que de 16 décès après sa visite « et comme par magie, 3 000 MORTS+ (...) PAS POSSIBLE », a-t-il écrit sur Twitter

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