La Maison-Blanche a supprimé un programme de la NASA destiné à surveiller dans l'atmosphère le dioxyde de carbone et le méthane considérés comme contribuant au réchauffement de la planète, a indiqué un porte-parole de l'agence spatiale, confirmant une information de la revue Science.
Le programme Carbon Monitoring System (CMS), d'un montant de 10 millions par an, cherche les sources d'émission et les puits de dioxyde de carbone, et créé des modélisations en haute résolution des flux de ce gaz à effet de serre sur la Terre, a expliqué jeudi la revue américaine.
« L’administration du président Donald Trump a discrètement tué le CMS », a-t-il écrit, qualifiant cette décision de « dernière attaque d'envergure [en date] contre la science climatique » opérée par la Maison-Blanche.
Selon Science, la NASA « a refusé de fournir une raison à cette annulation autre que 'des contraintes budgétaires et des priorités plus pressantes au sein du budget scientifique’ ».
La revue a cité également Steve Cole, un porte-parole de la NASA, soulignant qu'il n'était fait mention du CMS nulle part dans le budget adopté en mars par le Congrès américain ce qui « a permis à l'initiative de l'administration d'entrer en vigueur ».
Le porte-parole a précisé jeudi soir à l'AFP que le président américain avait proposé l'an dernier de supprimer le programme CMS ainsi que quatre autres missions scientifiques de la NASA.
Selon lui, après de longues délibérations, le Congrès a décidé de préserver le financement des quatre missions, mais comme le CMS n'était pas mentionné, il a été supprimé. Il a décrit ce processus comme une collaboration entre les parlementaires et l'exécutif.
Les subventions déjà allouées vont être honorées mais aucune nouvelle étude ne sera lancée, a-t-il précisé.
Le président américain s'est toujours montré sceptique concernant le changement climatique parlant même, avant son élection, d'une « invention » de la Chine.
Il a déjà annulé une autre mission scientifique de surveillance de la Terre, le Orbiting Carbon Observatory 3 (OCO-3), et annoncé le retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat signé fin 2015.
D'après Kelly Sims Gallagher, directrice du Centre de politique internationale sur l'environnement et les ressources de l'université américaine Tufts, la suppression du CMS menace les efforts de vérification du niveau national de réduction des gaz à effet de serre pris dans le cadre de cet accord.
« Si on ne peut pas mesurer les réductions des émissions, on ne peut pas avoir confiance dans le fait que les pays se conforment à l’accord », a-t-elle dit à Science. Supprimer le CMS est « une grave erreur ».
M. Cole a néanmoins précisé par courriel que «la réduction progressive de ce programme spécifique de recherche ne restreint pas la capacité de la NASA ou son engagement à surveiller les effets du dioxyde de carbone sur notre planète en mutation ».
Il a indiqué qu'un nouvel instrument pour surveiller le dioxyde de carbone de l'écosystème, baptisé GEDI, est prévu pour être lancé sur la Station spatiale internationale plus tard cette année.