États-Unis, Chine, Union européenne, trois des acteurs clés de la négociation planétaire ont précisé ou enrichi ces dernières heures à Copenhague leurs propositions posées sur la table.
États-Unis
Cent milliards de dollars. C'était le chiffre du jour, la grande nouveauté lancée jeudi à Copenhague par Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, arrivée 24 heures avant son président. «Les États-Unis sont prêts à travailler avec d'autres pays pour mobiliser ensemble 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 pour répondre aux besoins des pays en voie de développement liés au changement climatique.» Bien qu'elle ne soit pas assortie d'un chiffre sur la part qu'endosserait l'Amérique dans cette aide financière, sujet essentiel pour obtenir la signature des quelque 130 États du groupe du G77, cette déclaration de Hillary Clinton a été perçue comme un pas positif important. Car, sur les engagements chiffrés de réduction des rejets de CO2, les Européens n'attendent pas de progrès de Washington. La Maison-Blanche a annoncé avant Copenhague qu'elle réduirait ses émissions de carbone de 17 % en 2020 par rapport à 2005. Rapporté à l'année de référence du protocole de Kyoto, ce chiffre équivaut à 4 % de réduction à peine, en raison de la forte hausse des rejets survenue de 1990 à aujourd'hui. Aux États-Unis, le plan de réduction des rejets doit passer par la loi. Or le Sénat ne votera pas le projet législatif climat-énergie avant le printemps. Les parlementaires américains défilent d'ailleurs en rangs serrés au centre de conférences Bella de Copenhague. Après le démocrate John Kerry, porteur du projet de loi, le républicain «climato-sceptique» James Inhofe a déclaré jeudi à la presse qu'il ferait tout pour bloquer le vote au Sénat et torpillerait l'objectif de 17 %.
Chine
La Chine, devenue le premier ou deuxième émetteur mondial de CO2 (les statistiques diffèrent sur la question, selon les sources) a pris des engagements volontaires, rendus publics il y a quelques semaines. Pékin promet de réduire son «intensité carbone» de 40 à 45 % d'ici à 2020, c'est-à-dire de diminuer les rejets de CO2 pour chaque point de croissance économique. L'Union européenne (UE) souhaite que la Chine fasse encore mieux (50 %) et surtout clarifie la façon d'y parvenir, indiquait jeudi un négociateur européen. C'est «non négociable, inconditionnel», a rétorqué He Yafei, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, dans un anglais parfait. Comment s'assurer que la Chine remplira vraiment ses objectifs unilatéraux ? La question est très sensible. Hillary Clinton a averti que «en l'absence de transparence» de la Chine, «il serait difficile d'imaginer» que les États-Unis s'engagent, notamment sur leur offre financière. Les vérifications seront régies par la loi chinoise, a répondu He Yafei, qui exclut tout mécanisme international de surveillance.
Union européenne
L'UE, de son côté, s'est réjouie de l'annonce de Hillary Clinton. Mais elle a rappelé que son objectif pour l'aide financière à long terme est de 100 milliards d'euros, et non 100 milliards de dollars qui équivalent à 69 milliards d'euros aujourd'hui. L'Europe a pris de l'avance - non sans mal - sur l'aide financière, en proposant lors de son dernier Conseil à Bruxelles une enveloppe de 7,2 milliards d'euros sur trois ans (2010-2012) pour les financements dits de court terme. Quant aux objectifs, l'UE, qui tenait le message le plus clair, a quelque peu brouillé les cartes. Les Vingt-Sept se sont engagés fin 2008 à réduire leurs émissions de 20 % en 2020 par rapport à 1990. Et, en cas d'accord satisfaisant à Copenhague, de pousser l'ambition à 30 %. Quid du 30 % ? Jeudi, un négociateur expliquait que les chefs d'État décideraient, selon l'appréciation de l'accord, de pousser à 21, 22 ou 25 %.