Le syndicat interdépartemental d'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) teste, sur la station d'épuration de Colombes, un puits de carbone. Cet équipement conçu par Suez et Fermentalg présente un double bénéfice.
Il piège le CO2 et dope le rendement de biogaz des boues en digestion. C'est un objet psychédélique qui dépare un peu dans l'environnement habituel d'une station d'épuration (Step). Le puits de carbone installé par Suez et Fermentalg sur le site de Colombes du syndicat interdépartemental d'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) ressemble à un gros tube rempli d'eau, vert fluo et éclairé par des leds. L'eau contient en fait des microalgues dont on active la photosynthèse par la lumière.
Le pilote en test pour six mois a une double fonction. D'une part, il piège le CO2 des fumées d'incinération des boues de la Step et en nourrit les microalgues qui prospèrent. Et d'autre part ces microalgues sont ensuite récupérées pour être injectées dans le réseau d'assainissement pour revenir à la station d'épuration et dans les boues méthanisées pour doper la production de biogaz. Le pilote d'un mètre cube va fonctionner pendant six mois pour évaluer les contraintes et les bénéfices du procédé. Il a la capacité d'absorber 1 tonne de CO2 en un an.
Optimiser la production d'énergie
« Cet équipement s'inscrit dans notre plan stratégique Siaap 2030 qui prévoit l'optimisation de la production énergétique », explique Belaïde Bedreddine, le président du Siaap. Dans cette même logique, il a annoncé également d'autres projets : co-méthanisation des boues d'une part avec les déchets organiques du Syctom, et d'autre part avec le fumier de l'hippodrome de Maisons-Lafitte ou encore la récupération des calories des eaux usées pour alimenter les réseaux de chaleur de Clichy et Colombes. De son côté, Suez manifeste beaucoup d'ambition avec son puits de carbone. « Notre objectif est d'équiper les incinérateurs de déchets et ceux de boues de Step mais aussi les installations industrielles émettrices de CO2 », explique Stéphane Cordier, directeur général adjoint région parisienne de Lyonnaise des eaux.
Ce dernier a également annoncé qu'une colonne de 3 m d'eau serait installée dans les prochains mois place d'Alésia à Paris. Objectif : tester sa capacité à capter les particules de l'air. Suez a d'ailleurs proposé l'installation de nombreux puits de carbone dans l'espace public parisien pour les JO si la candidature de Paris est retenu pour 2024.
Dominique Bomstein