Des idéologues "scientistes" se parent d’une stature "sérieuse" pour justifier leurs thèses racistes et antiféministes. Les scientifiques ripostent.
Par Victor Garcia
Article publié dans l’édition du 22 décembre 2022
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Légitimer l’esclavage, la colonisation ou les inégalités des droits entre hommes et femmes… Depuis des siècles, la science est instrumentalisée afin de justifier des idéologies discriminatoires. Au début du XXe siècle, le mouvement eugéniste s’est particulièrement illustré en invoquant la génétique pour prôner une "hygiène raciale" visant à favoriser la reproduction des personnes jugées supérieures. Cela deviendra plus tard l’un des piliers de la politique nazie. Si ces idées ont reculé au sortir de la Seconde Guerre mondiale, elles n’ont pas pour autant disparu. Dès la fin des années 1960, il y a eu un retour particulièrement marquant d’anciens discours racistes, reformulés et habillés des progrès en biologie et en génétique. Un mouvement incarné, en France, par la Nouvelle Droite, courant de pensée profondément raciste et scientiste. "Dès le début, la Nouvelle Droite compte de nombreux scientifiques, comme le biologiste Yves Christen, mais aussi des personnes travaillant dans l’industrie pharmaceutique, des médecins et plus généralement des personnalités ayant un fort intérêt pour la génétique, dont l’essayiste Alain de Benoist", explique Stéphane François, professeur en sciences politiques à l’université de Mons (Belgique) et fin connaisseur de l’extrême droite.
La revue Elément, l’un des porte-étendards de la mouvance, consacre des dossiers au polygénisme, une thèse selon laquelle l’humanité a eu plusieurs berceaux et qu’il existe donc différentes races. Elle défend aussi l’idée selon laquelle les Blancs, en particulier les blonds aux yeux bleus, sont des descendants des Indo-Européens et ont des caractéristiques propres, dont de l’ADN