Nomadisme : Avec le "nomade moderne", cet "art de vivre" s'est transformé en "enfer à vivre"

mer, 29/01/2020 - 17:25

A l’indépendance, les nomades constituaient 75% de la population. Cette population est passée actuellement à moins de 5%. Le nomade véritable était un écologique avant l'heure, il faisait la transhumance avec ces bêtes à la recherche de pâturages et revenait périodiquement, permettant ainsi à la nature de se régénérer. Seul ou avec sa famille, en suivant ses chameaux, vaches ou autres ovins ou caprins, il sillonnait le territoire, de long en large, en contemplant les jolies paysages et profitant des instants de méditation, solitude, partage ou souvenirs passés.  Ce mode de vie est sans doute à l'origine de la genèse de beaucoup de poèmes. Il vivait avec humilité et avec le strict minimum. Il était jaloux de son indépendance, de sa solitude et gardait intérieurement beaucoup d'enseignements ou de vécus et possédait beaucoup de sagesse. Il était épris de liberté. Cela n'affectait personne car les espaces étaient vastes et inoccupés et il changeait souvent de places.

Le nomade est-il en voie de disparition ?  La ville, à travers une mutation catastrophique,  a transformé une partie en "nomade moderne". Pour le reconnaitre, je me permets d'avancer quelques indices.

Il continue à vivre, seul au monde même en ville, sans règles ni principes. Il veut toujours être servi en premier qu'il soit l'hôpital, à la pharmacie, à la boulangerie, à la boutique ou au ministère. Il est toujours pressé et ne respecte aucune hiérarchie ni aucune file d'attente. Et "Quand chacun fait sa règle tout se dérègle".

La voiture a remplacé pour lui le chameau, le cheval ou l'âne. Il double à gauche comme à droite, ne respecte pas les feux de signalisation. Il n'attache la ceinture que quand il voit les policiers. Il met fièrement son pied sur le tableau de bord, passager ou parfois conducteur. Sa voiture est rarement en règle (mécanique et papiers).

Les impôts, taxes, ou autres charges ne sont payées que sous la contrainte ou la menace (Etat, commune, SONELEC, SNDE,). Il préfère, à sa place, soudoyer ou jouer des coudes ou de la parenté.

Quand un besoin pressant se fait sentir, il n'hésite pas à uriner sur le pneu d'une voiture, le mur d'une maison ou plus grave encore l'enceinte d'une mosquée. Ses ordures sont jetées dans la rue ou sur le goudron ou il paye pour s'en débarrasser pour qu'un charretier les éparpille d'abord et jette le reste à 200 m plus loin.

L’intérêt général, les règles et lignes rouges qui régissent une société, il ne connait pas. Après n’allez pas lui parler de feu de stop, de passage piétons, de ligne continue sur le goudron, de file d’attente, de voisinage, de respect des procédures et examens, il ne connait pas et même s’il connait, il ignore royalement. Des vies ont été perdues, brisées, brimées et opprimées. Il a également ruiné beaucoup d'espoirs et de rêves d'une bonne partie de la jeunesse mauritanienne qui ne croit plus aux études et au mérite.

Il est toujours versatile et il a une règle d'or: "Li may naveq may wavaq" ou "lèche bottes" qui lui permet de changer de parti, de chef ou de camp en fonction de la direction du vent. Il est confiant car son nomadisme politique le protège en se mettant toujours du côté du plus fort, façon pour lui de monnayer son allégeance au Sultan. Il en profite parfois, si l'occasion se présente, d'enfreindre les règles avec impunité car se sentant au-dessus des lois. Il ne doit pas oublier que : "la liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres".

La recherche austère de pâturages, s'est transformée en course vers les biens matériels généralement sans efforts ni travail ou mérite. Et donc sa nouvelle poésie à une consonance "sonnante et trébuchante"

Le nomade moderne, contrairement à son aïeul, semble sans repères, sans boussole ou GPS. En évitant ces comportements et en adoptant le "vivre ensemble" dans le "Projet de société d'une Mauritanie nouvelle", il continuera à vivre comme son aïeul très éloigné des haines et des rancœurs. Pour cela, il a besoin de revenir aux fondamentaux qui eux n'ont pas changé. L'islam et le suivi de la Sunna du prophète Mohamed PSL sont les seuls à le guider et éclairer son chemin vers la fraternité, l'équité et l'intérêt général. La citoyenneté et l'image qu'on donne de la Mauritanie doivent aussi l'inciter à adopter les meilleurs comportements. Actuellement il nous est impossible de vivre "seuls au monde dans notre désert", les informations et images circulent en un clin d'œil et aux quatre coins du monde. S'il trouve les mosquées, les dunes, les plages, les rues et les voisins propres il doit y apporter sa contribution. Et s'il montre l'exemple à ces enfants se sera encore mieux.

L'Etat et les autorités locales doivent aussi œuvrer à mettre en place des latrines publiques à côté des lieux à forte concentration humaine comme les marchés, les aéroports et gares, les hôpitaux et autres lieux de regroupements et veiller au respect de l'hygiène et la propreté. Cela avait été appliqué pour la propreté de la "Place de la Liberté" à côté de la Présidence et il faudra peut-être le généraliser.

Ethmane BA

 

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