L'Union européenne a amorcé sa riposte aux taxes américaines sur l'aluminium et l'acier, vendredi, et déposé une plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce, contre Washington mais aussi Pékin, le principal ennemi selon la Commission.
Comme promis, l'Union européenne (UE) porte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) le conflit qui l'oppose aux États-Unis concernant les taxes sur l'acier et l'aluminium. C'est ce qu'a annoncé, vendredi 1er juin, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.
"Les États-Unis sont en train de jouer un jeu dangereux", a-t-elle averti avant d'ajouter que l'UE allait également porter plainte contre la Chine, devant cette même OMC, pour protester contre le "transfert injuste de technologie" des entreprises européennes actives en Chine.
Les Américains se trompent de cible en s'attaquant aux Européens, leurs alliés traditionnels, a estimé la commissaire suédoise en expliquant que le principal ennemi est la Chine : "Nous aussi nous avons souffert des surcapacités dues au dumping qui est principalement causé par la Chine."
Le Canada et le Mexique plus réactifs
Face à la décision américaine, les réactions du Canada et du Mexique ont été beaucoup plus frontales. Ottawa a déjà annoncé des taxes sur 16,6 milliards de dollars canadiens (12,8 milliards de dollars américains) de produits américains. Le Mexique a pour sa part promis des mesures équivalentes sur divers produits dont certains aciers, des fruits et des fromages, qui "seront en vigueur tant que le gouvernement américain n'éliminera pas les taxes imposées".
Pour Cecilia Malmström, l'annonce simultanée de ces deux plaintes "démontre que l'UE ne choisit aucun camp". Nous défendons un système multilatéral pour un commerce mondial fondé sur des règles", a-t-elle plaidé.
La riposte de l'UE avait été annoncée plus tôt dans la journée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "C'est un mauvais jour pour le commerce. L'Union européenne ne peut pas rester sans réagir. [...] Les États-Unis ne nous laissent pas d'autres choix que de porter ce conflit devant l'OMC et d'imposer des droits de douane supplémentaires à un nombre de produits en provenance des États-Unis", avait ainsi averti Jean-Claude Juncker lors d'une conférence à Bruxelles.
L'examen de ce type de plainte à l'OMC peut cependant prendre des années. Ainsi, au cours du précédent conflit commercial sur l'acier entre l'UE et les États-Unis, en 2002, la procédure avait duré un an et demi.
Avec AFP