Greenpeace publie aujourd’hui un rapport intitulé “Des forages pétroliers à l’embouchure de l’Amazone : un risque inacceptable”, présentant une analyse critique de l’étude d’impact environnemental (EIE) présentée par Total aux autorités brésiliennes. Cette EIE est une étape obligatoire dans le cadre de l’acquisition des licences environnementales qui leur permettent d’effectuer des forages exploratoires près du Récif de l’Amazone.
C’est dans les années 1970 qu’est né le soupçon de l’existence d’un récif corallien à l’embouchure du fleuve Amazone. En avril 2016, cette découverte était confirmée par une équipe de scientifiques brésiliens dans la revue Science Advances. Au début de l’année 2017, une partie de cette équipe se trouvait à bord de l’Esperanza pour réaliser les premières images du Récif de l’Amazone et commencer à documenter cet écosystème unique.
Le récif de l’Amazone tient ses promesses
Fabiano Thomson, Ronaldo Francini Filho, Eduardo Siegle et Nils Asp sont les quatre scientifiques qui ont découvert le récif. Ils sont tous passionnés d’océanographie et de biologie marine. Cette opportunité d’approcher le récif d’aussi près est unique pour eux. Deux d’entre eux, Ronaldo et Fabiano, ont pu plonger. Je vous laisse imaginer la joie qui les a submergés après avoir plongé avec le sous-marin. On pourrait presque croire qu’ils reviennent de trois mois passés en orbite, se prenant dans les bras l’un l’autre, racontant avec enthousiasme ce qu’ils viennent de vivre. Autant vous dire que cette joie est très largement communicative !
Cette mission de documentation a confirmé l’importance et la pertinence écologique de ce que les scientifiques considèrent déjà comme un nouveau biome. Cela n’aura pas dissuadé Total, qui au sein d’un consortium de pétroliers, souhaite effectuer des forages exploratoires dans cette zone. Pour rappel, le puits de forage le plus proche se trouve à seulement 28km du récif…
Le 3 mai 2017, le Procureur de l’Etat d’Amapa a officiellement recommandé à l’IBAMA qu’elle suspende les licences environnementales accordées aux pétroliers. Des scientifiques indépendants ont décortiqué l’EIE que Total a fourni à l’Agence environnementale brésilienne (IBAMA) et ont relevé un grand nombre d’incohérences et un manque de rigueur dans la méthode utilisée. Les risques y sont sous-estimés et, de fait, les conséquences ont été minimisées.
Les caractéristiques environnementales du terrain n’ont pas été prises en compte
D’après les analyses faites par les scientifiques, les modèles hydrologiques et de dispersion de marée noire qui ont été utilisées par Total seraient imprécis – un élément qui avait déjà été souligné par l’IBAMA. Ces modèles sont utilisés pour simuler les courants d’une région donnée, afin de prévoir de quelle façon le pétrole se disperserait en cas de fuite ou de marée noire. Sauf qu’il semblerait que les modèles utilisés par Total soient incomplets (ne prenant pas en compte l’influence de l’eau douce, par exemple) et présentent des configurations incompatibles entre les vents et les courants, remettant sérieusement en cause la crédibilité de l’EIE de Total.
Source Greenpeace france