Les associations environnementales impliquées sur le sujet regrettent le report des votes, le flou des réponses du ministre et de la rapporteure sur certaines questions et alertent sur les tentatives de certains parlementaires LR et LREM de rendre la viande obligatoire à tous les repas.
Jeudi 18 mars, alors que 24 amendements en faveur de plus de repas végétariens dans les cantines ont été discutés, les membres de la commission spéciale sur le projet de loi climat et résilience ont rejeté la quasi-totalité des amendements proposés par l’opposition. Les députés de la majorité ont quant à eux décidé de ne pas statuer sur le sujet et ont retiré leurs propres amendements, repoussant la question des menus végétariens à la plénière du projet de loi qui débutera le 29 mars.
La rapporteure Célia De Lavergne et le ministre de l’agriculture Julien Denormandie ont indiqué qu’il était nécessaire d’attendre la publication à venir du bilan de l’expérimentation du repas végétarien hebdomadaire en place depuis la loi EGAlim en novembre 2019. Si la rapporteure et le ministre ont soutenu l’idée que les convives devaient avoir la liberté de choisir leur alimentation, ils n’ont pas apporté d’éclairage sur l’élargissement de la mesure à l’ensemble de la restauration collective publique ni sur la possibilité qu’elle revête un caractère obligatoire.
Pourtant, les données prouvant que l’option quotidienne végétarienne est une mesure bénéfique pour toutes les parties prenantes existent déjà. Une récente enquête menée par l’association végétarienne de France et Greenpeace France, auprès de plus de 30 structures donneuses d’ordre de toute la restauration collective l’ayant déjà déployée, a démontré que dans la plupart des cas, le gaspillage alimentaire n’augmente pas, le coût des repas diminue, permettant d’acheter des produits de meilleure qualité, notamment de la viande, et la surcharge ponctuelle de travail est vite absorbée.
Par ailleurs, les recommandations scientifiques et nationales préconisent de réduire notre consommation de viande, et d’augmenter la consommation de fruits et légumes frais, de légumineuses et de céréales complètes. Or, ce sont les familles les plus défavorisées qui consomment le plus de produits carnés, et le moins de produits végétaux.
De plus, l’option végétarienne quotidienne obligatoire pour l’ensemble de la restauration collective publique (3 milliards de repas par an) constitue l’une des mesures les plus bénéfiques en matière d’empreinte carbone du projet de loi Climat et résilience. Si l’option était généralisée et choisie par 30% des convives, elle pourrait permettre de réduire d’1,35 million de tonnes équivalent CO2/an les émissions de gaz à effet de serre du secteur, ce qui correspond à un peu moins des émissions annuelles de l’ensemble des transports parisiens.
Bien que cette mesure soit souhaitée par la population et faisable techniquement, les votes ont été cadenassés tout au long de l’examen des amendements par la commission, et ont été pour la plupart circonscrits aux cantines scolaires, qui ne représentent qu’une minorité de repas (contrairement aux cantines dont l’Etat a la charge).
Nos associations demandent aux député·es d’être à la hauteur des enjeux environnementaux et de santé publique en soutenant l’introduction d’une option végétarienne quotidienne obligatoire dans l’ensemble de la restauration collective lors de l’assemblée plénière et de rester vigilants face aux tentatives d’interdictions de menus végétariens uniques, qui remettrait par exemple en cause le menu végétarien hebdomadaire introduit dans la loi EGAlim.